Validé par Sara

Je suis sur le perron, le téléphone collé à l'oreille. Je me concentre pour entendre mon interlocuteur mais j'ai du mal à comprendre ce qu'il dit, à cause de la musique qui provient de la maison. Je n'entends que des bribes de phrases. « ... hôpital ... Paris ... demain ... aéroport ... midi ». Puis plus rien. Je reste un moment, immobile, le téléphone toujours à l'oreille. Je n'arrive pas à comprendre mais je sais que c'est important, surtout venant de la personne qui m'appelle. Sans prévenir, des larmes coulent, presque aussi rapidement que la pluie qui tombe. Mes jambes n'arrivent plus à me tenir. J'essaye de me retenir à la rampe des escaliers mais rien n'y fait. Je m'assoie maladroitement sur les marches.
[...]
Je suis désormais dans la maison à la recherche de quelqu'un. Je bouscule les jeunes qui s'amusent à boire, à danser, etc ... qui sont heureux quoi. Alors que moi, les larmes continuent toujours de tomber. Personne ne me prête attention. De toute façon, ça ne changera pas des autres jours. Cette ignorance de la part d'inconnus me manquera-t-elle lorsque je serai à des milliers de kilomètres de là, dans une ville qui m'est complètement étrangère ? Peut-être pas. Seule une personne me manquera réellement: mon meilleur ami. C'est d'ailleurs lui que je cherche désespérément.
J'aperçois mon frère et des amis dans la cuisine. Je m'approche d'eux et parle à l'oreille d'un grand blond. Il reste impassible alors que c'est à son tour de jouer. Tout autour, les gens rigolent et certains lui tapent l'épaule pour le réveiller. Je lui pose une question et il me regarde en haussant les épaules. Je m'avance alors vers un petit brun, un peu simplet, et lui demande s'il n'aurait pas vu celui que je cherche depuis déjà une dizaine de minutes. Il me regarde avec un sourire et me montre le plafond avec son index.
Je monte les escaliers, non sans bousculer certains fêtards. Arrivée à l'étage, je me dirige immédiatement devant une porte. Je remarque qu'une pancarte est accrochée à la poignée: « Do not disturb ». Souvenir d'une escapade improvisée dans le minable hôtel de la ville. Je me mets à repenser à ce moment et notamment lorsque mon meilleur et moi étions dans le lit de la chambre d'hôtel. Après toutes ces années d'amitié, douze ans plus exactement, Nathan m'avait enfin dit que j'étais sa meilleure amie et qu'il m'aimerait pour l'éternité. Je m'étais juste contentée de lui sourire et de l'embrasser sur les lèvres, sans ambiguïté (d'après nous).
Garçon: Jessica, ma belle.
Retour à la réalité. Un grand brun au regard sombre me tient dans ses bras et essaye de m'embrasser.
Jessica, dans un souffle: Damien ...
Damien: J'aurais essayé.
Il se détache de moi, m'embrasse sur la joue et part. J'essuie mes larmes qui sont toujours présentes, souffle un bon coup pour me donner du courage et ouvre la porte. Hélas, je regrette vite et m'arrête sur le seuil, la main toujours sur la poignée. Là, je vois mon meilleur ami embrasser une fille dans le cou alors que celle-ci a les yeux fermés et soupire à chaque baiser. Elle passe ses mains dans ses cheveux. Étant en face de moi, elle me voit et s'arrête tout de suite. Il la regarde sans comprendre et elle lui fait signe de se retourner. Il me voit en pleurs. Ne sachant quoi faire, je referme la porte et m'enfuies en courant.